Ce dossier thématique représente le résultat du Colloque International qui a eu lieu le 22 et 23 novembre 2016 dans l’Instituto de Investigaciones Históricas de l’Universidad Nacional Autónoma de México, dont le titre était : « Las fiestas de las veintenas. Nuevas aportaciones en homenaje a Michel Graulich ». Cette réunion académique voulait contribuer à l’étude d’un thème central pour la religion nahuatl préhispanique : les dix-huit fêtes des vingtaines de l’année solaire. Dans ces fêtes mensuelles, la ritualité publique nahua se déployait dans toute sa magnificence, en mettant en scène des sacrifices, des parcours cérémoniels, des batailles simulées, des danses et des offrandes. Dans chaque fête, la réalisation des rites impliquait des di vinités, des personnifications divines, des ministres du culte et la population entière, c’est-à-dire, tous les niveaux de la société. Aussi, on évoquait les différents cycles des calendriers. La finalité de cette réunion a été présenter des nouvelles contributions pour améliorer notre connaissance de ces phénomènes religieux, en insistant sur la nécessité d’une étude globale du cycle des fêtes et sur les affinités et continuités entre les différentes vingtaines. Les contributions des chercheurs spécialistes dans le thème, depuis la perspective des documents écrits, tout comme des sources iconographi ques et linguistiques, a permis de générer un débat constructif et de renouveler nos pistes de recherche, non seulement en ce qui concerne la signification rituelle des fêtes mais aussi par rapport à la relation entre les fêtes et le cycle agricole. Pour toutes ces raisons, cette réunion a représenté aussi l’occasion idéale, à deux ans de son décès, pour rendre hommage à Michel Graulich, un spécialiste dont l’analyse intégrale des fêtes des vingtaines et des mythes évoqués dans la dimension rituelle nahua a influencé profondément l’histoire des études mésoaméricaines.

Les articles de ce dossier proviennent de certaines communications présentées dans ce Colloque. Elles sont divisées en deux axes thématiques : le premier est focalisé sur quelques aspects de la ritualité qui se déployait au cours des fêtes des vingtaines nahuas ; le seconde porte sur des questions rattachées au temps et au calendrier. Dans la première partie, Johanna Broda étudie la ritualité complexe de la fête d’Atlcahualo et l’importance que le paysage du Bassin de Mexico a eu sur elle ; de son coté, Elena Mazzetto analyse le parcours rituel autour du Bassin de Mexico qui avait lieu pendant les cérémonies de Panquetzaliztli, en soulignant des détails peu connus rattachés à ce déplacement et à ses participants. Dans la deuxième partie, Marc Thouvenot nous accompagne dans le « monde de l’ilhuitl », qui n’était limité, selon son point de vue, aux fêtes des vingtaines qui se célébraient tous les vingt jours, mais plutôt à tous les domaines de la vie sociale des anciens Nahuas. Stanislaw Iwaniszewski révise les calculs astronomiques qui avaient permis à Michel Graulich conclure que les Mexicas utilisaient un calendrier dont l’origine remontait au 862 ap. J.-C., décalé par rapport à l’année tropique environ 200 jours. Finalement, dans l’article qui boucle le dossier, Gabriel K. Kruell réalise une révision des sources et des hypothèses proposées depuis le xvi^ème jusqu’au début du xxi^ème siècle sur l’absence ou l’existence d’une « année bissextile nahuatl ».